Paris : un jeune poignardé lors d’une rixe entre bandes rivales, porte de Saint-Ouen

Un jeune âgé de 18 ans a reçu un coup de couteau à la cuisse près du stade Max-Rousié par des jeunes de la porte d’Asnières. Ce nouvel épisode provoque la colère des habitants.

 Ce lundi matin, place Louis-Loucheur
Ce lundi matin, place Louis-Loucheur LP/Christine Henry

    Regain de tension à la porte de Saint-Ouen. Un garçon, âgé de 18 ans, a reçu un coup de couteau lors d'un règlement de comptes entre bandes rivales, dimanche soir.

    Il était 21 heures environ lorsque une dizaine d'adolescents sont arrivés en tramway près du stade Max-Rousié (XVIIe) pour en découdre avec les jeunes du quartier rassemblés sur la place Louis-Loucheur. « J'ai entendu des hurlements et lorsque je suis sortie, j'ai des vus des gamins s'enfuir en courant », raconte une habitante.

    Une précédente bagarre

    Au cours de la rixe, le garçon poignardé à la cuisse et trois de ses congénères ont escaladé les grilles de l'enceinte sportive pour échapper à leurs agresseurs tandis que les autres, eux, se sont réfugiés dans la laverie, située à deux pas de là.

    « Cette rixe ferait suite à une précédente bagarre entre deux jeunes de la porte de Saint-Ouen et un adolescent de la porte d'Asnières. La publication sur les réseaux sociaux de la vidéo de cette bagarre aurait déclenché les représailles de dimanche soir », explique Geoffroy Boulard, maire (LR) du XVIIe, présent sur les lieux jusqu'à 23 heures.

    Une alerte en vain

    Ce sont les pompiers basés derrière le stade Max-Rousié qui ont alerté la police. Les habitants, eux, avaient donné l'alerte, en vain, un peu plus tôt. Le blessé a été transporté aux urgences de l'hôpital Bichat (XVIIIe). Ses jours ne sont pas en danger.

    Après les épisodes de tirs de projectiles visant des sportifs du stade Max-Rousié en mars dernier et la découverte d'un véritable arsenal après l'arrestation de trois suspects, ce quartier classé politique de ville est le théâtre de nouvelles violences.

    « Je ne comprends qu'on laisse des jeunes s'entretuer dans nos quartiers. Les pouvoirs publics n'ont visiblement pas pris la mesure de l'ampleur du climat d'insécurité qui mine notre quartier », s'alarme une locataire. Pourtant très engagée dans la vie locale, cette mère de famille confie avoir démissionné « psychologiquement ».

    Des scènes « tristement banales »

    « Chaque jour, une poignée de mineurs âgés de 13 à 15 ans et déscolarisés errent dans le quartier et se retrouvent sur la place Louis-Loucheur pour fumer la chicha en écoutant du rap. Ils crient. Se battent. Ces scènes sont devenues tristement banales. Que font leurs parents ? », s'interroge une habitante.

    Dans ce quartier occupé dans des barres de logements sociaux dans lesquels vivent près de 6000 habitants, entre la porte de Saint-Ouen et la porte Pouchet, c'est le ras-le-bol. « Les fauteurs de trouble ont entre 13 et 16 ans. Ils sont connus des services de police. J'ai découvert ce matin à 8 heures une arme ressemblant à un taser sous une voiture. Ce climat d'insécurité ne peut plus durer », s'insurge un riverain.

    « Les vieux ne peuvent plus ouvrir leurs fenêtres à cause de la musique ou des disputes. Je cherche à déménager », soupire une habitante.

    Le maire, lui, a interpellé le préfet de police et le bailleur Paris habitat pour que des mesures soient prises rapidement. « Un jour, il y aura un mort », prévient-il.

    L'auteur du coup de couteau était toujours en fuite en début d'après-midi. Mais selon une source proche du dossier, « les images de la vidéosurveillance du tramway devraient permettre de l'identifier ».

    LE MAIRE DEMANDE À PARIS-HABITAT D'EXPULSER LES FAMILLES CONDAMNÉES PAR LA JUSTICE

    Au lendemain de la rixe entre bandes rivales qui a fait un blessé, le maire (LR) du XVIIe a réclamé le renforcement des patrouilles de police dans le quartier de la porte de Saint-Ouen. « Le niveau de violence devient très inquiétant. Je refuse qu'une minorité pourrisse la vie des habitants », a-t-il condamné.

    L'élu de droite a demandé au préfet de police d'installer une caméra de vidéosurveillance sur la place Louis-Loucheur, véritable épicentre des violences et des incivilités du quartier Pouchet. Il a également demandé à Paris Habitat, unique bailleur du quartier, d'appliquer les ordonnances d'expulsion prononcées par la justice » et de fermer l'épicerie de la place Louis-Loucheur, « point de fixation » pour les jeunes du quartier. « Ce quartier ne doit pas être abandonné », lance Geoffroy Boulard en promettant de lancer une pétition avec les habitants.